Realisation • 26 avril 2022

Expérience prometteuse au Cetim : un assistant vocal intelligent comme outil de formation

Au Cetim, on a voulu tester comment un assistant vocal intelligent sur une tablette pouvait aider à former des jeunes sur le lieu de travail.

Patrick Orlans et Philippe Seillier, du Cetim (Centre technique des industries mécaniques), étaient à la recherche d'une méthode de formation adaptée pour préparer des jeunes peu scolarisés aux métiers de la mécanique. Ils ont trouvé une solution surprenante.

Patrick: "L'un des problèmes auxquels les PME sont confrontées est de trouver du personnel, notamment sur des métiers en tension. Dans le même temps, on observe un taux de chômage de 20 % dans la tranche d'âge de 18 à 20 ans. Des jeunes déscolarisés ont des aptitudes et des compétences, mais pas forcément d’expérience par exemple avec des métiers industriels tel que l’usinage. Avec de nouvelles méthodes d'apprentissage, et plus précisément avec un assistant vocal et vidéo intelligent sur une tablette, nous avons voulu expérimenter la possibilité d’insérer un tel public dans le milieu industriel.

Nous avons pu offrir un environnement de formation réaliste et industriel, avec les machines et les outils adéquats.

Patrick Orlans | Cetim

Aucune expérience requise

La plupart des gens connaissent le principe de Siri, Alexa ou Google Assistant : vous donnez une instruction, par exemple 'Siri, mets de la musique dans le salon', et l'assistant vocal intelligent écoute, interprète et exécute."

Philippe (membre de l'équipe) : : "Notre assistant vocal intelligent est une version modifiée d'une application existante. Essentiellement, nous divisons une tâche en petites étapes, que l'assistant vocal intelligent explique ensuite à l’apprenant une par une. En d'autres termes, on apprend en faisant. Une autre particularité de l'application est qu'elle peut être utilisée dans un environnement très bruyant".

"Notre groupe cible pour ce projet est constitué de jeunes gens peu instruits. Ils ne veulent pas d'une approche académique, avec un instructeur qui vient expliquer comment il faut faire les choses. Ils disposent de nouvelles compétences, grâce à l'internet et à la technologie numérique, et ils veulent apprendre de manière autonome sur le lieu de travail, à leur propre rythme. L'assistant vocal intelligent est idéal pour cela."

Patrick : "Il y a quelques mois, avec les partenaires français du projet BHC21, nous avons mené un premier projet pilote avec sept jeunes, cinq garçons et deux filles. Nous avons pu leur offrir un environnement de formation réaliste et industriel, avec les machines et les outils adéquats. Leur tâche consistait à fabriquer de véritables pièces mécaniques, à partir d’ébauches métalliques et polymères. Ils ont donc dû réaliser des opérations de tournage, fraisage et contrôle métrologique... Et tout cela sans aucune expérience ni formation préalable."

Philippe :"Ils ont d'abord suivi une formation de quelques semaines sur les compétences non techniques pour l'atelier. Nous voulions travailler sur leur motivation, le respect des règles de sécurité et leur comportement."

Positif sur toute la ligne

Philippe : "Pour être honnête, nous avons été surpris par les bons résultats. Il s'agissait de jeunes qui rejetaient le mode d'apprentissage traditionnel, basé sur l'école, mais qui étaient manifestement enthousiasmés par les outils numériques. Auparavant, ils n'avaient pas d'opinion claire sur le travail dans l'industrie mécanique. Ils ont découvert ce que cela impliquait en le faisant, et en ont gardé un souvenir très positif".

"Travailler avec l'assistant vocal intelligent s'est également avéré être une méthode d'apprentissage efficace. Nous avons eu trois phases : dans la phase 1, ils ont reçu beaucoup d'instructions, dans la phase 2, un peu moins et dans la phase 3, ils ont dû réaliser la partie mécanique sans la tablette. Les sept ont réussi - ils n'ont donc pas suivi les instructions sans réfléchir. Nous en sommes très heureux."

Patrick :"Au début du mois de mai, nous voulons commencer la prochaine phase sur une durée de 2 mois. Avec les partenaires français du programme BHC21, nous avons déjà trouvé huit nouveaux jeunes, et nous collaborons avec des PME où ils pourront effectivement être employés en production usinage ou assemblage avec l'aide de la tablette et de l'assistant vocal intelligent. Nous adaptons nous-mêmes l’outil pédagogique. Et avec les résultats positifs du premier test pilote nous souhaitons conforter la méthodologie d’apprentissage en situation de travail avec l’aide d’un outil pédagogique, dans un environnement industriel et sur une période représentative."